Physique des hautes énergies : retour sur les moments forts d'Ichep 2016

Résultats scientifiques Physique des particules

Cette année, la plus grande conférence internationale sur la physique des hautes énergies, Ichep, s'est déroulée du 3 au 10 août à Chicago. L'événement a rassemblé plus de 1 400 scientifiques et industriels du monde entier pour débattre des dernières avancées dans les domaines de la physique des particules, des astroparticules et des neutrinos. À noter au programme de cette 38ème édition : une nouvelle session dédiée au transfert de technologie, des sessions inédites sur la médiation scientifique et la diversité ainsi qu'une table-ronde ayant pour thème le devenir de la discipline en termes de nouvelles infrastructures et d'horizons de recherche.

S'il y a bien une annonce qui était particulièrement attendue par les participant.e.s, c'est celle des collaborations Atlas et CMS au LHC sur les derniers résultats concernant l'éventualité d'une résonance à 750 GeV dans le canal diphoton, la fameuse "bosse" observée fin 2015. Scientifiques et journalistes du monde entier étaient réunis pour cette présentation. Les données ont parlé : cette bosse n'était finalement qu'une fluctuation statistique. Les quatre collaborations LHC (Alice, Atlas, CMS et LHCb) ont présenté près de 100 résultats lors de la conférence, aucun ne remettant en cause le Modèle Standard de la physique des particules. Ichep a cependant été l'occasion pour tous de féliciter les ingénieur.e.s du Cern pour l'excellente performance du LHC qui a dépassé depuis juin sa luminosité nominale. Ceci permet d'espérer à l'avenir que des processus rares puissent être observés. La Grille de calcul mondiale pour le LHC a de son côté largement battu ses précédents records, avec plus de 25 Pétaoctets de données enregistrées et traitées depuis le début de l'année.

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L'une des nombreuses sessions d'Ichep 2016. © C. Nellist/CNRS

 

Quelles applications technologiques et industrielles en physique des hautes énergies ?

Pour la première fois à Ichep, une session d'une journée entière était consacrée à l'innovation et à la valorisation issue de la physique des hautes énergies. Différents intervenants se sont succédés pour présenter trois technologies phares dans ce domaine - les accélérateurs, les détecteurs et les centres de calcul - afin de mettre en avant les principales applications sociétales et industrielles qui peuvent en découler dans les univers du médical, de l'énergie, de l'environnement, de la sécurité, de l'aérospatial ou de la défense. Le Cern a notamment présenté son modèle de coopération académique et industrielle pour la promotion de son accélérateur dans des domaines qui vont bien au-delà de la physique des particules. Cette mise en commun des compétences permet souvent à des entrepreneurs ambitieux de tirer parti des ressources technologiques et des savoir-faire mis à disposition par le Cern pour lancer leurs projets professionnels.

 

Mystérieux neutrinos

La session 2016 d'Ichep a également été l'occasion de faire le point sur l'avancée des recherches dans le domaine des neutrinos. Aucun résultat définitif n'a été annoncé, mais de nombreuses études s'avèrent très prometteuses, notamment celles présentées par la collaboration Tokai-to-Kamiokande (T2K) qui a mis en évidence de premiers indices pour une violation de la symétrie matière-antimatière dans le secteur leptonique. Ces résultats ont été très discutés lors de la conférence.

 

Dernières nouvelles des ondes gravitationnelles

Ichep a eu lieu quelques semaines après l'annonce de la deuxième détection d'une onde gravitationnelle, émise lors d'une fusion de deux trous noirs (tout comme lors de la première détection). Ces découvertes ont donc été mises en avant lors de la conférence : une session parallèle très suivie, un exposé plénier et enfin une conférence grand public en soirée.

 

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La conférence Ichep 2016. © C. Nellist/CNRS

 

Des sessions inédites sur la diversité et la médiation scientifique

Les conférencier.e.s ont pour la première fois pu assister à des sessions sur le thème de la diversité ainsi que sur la médiation scientifique. Elles furent organisées au petit matin et à la pause méridienne, ce qui a permis d'attirer un grand nombre de participant.e.s, permettant une discussion constructive sur la meilleure façon de rendre la physique des hautes énergies ouverte et attractive pour le plus grand nombre. Les organisateur.trice.s avaient également convié le grand public à un "Slam de physique", lors duquel cinq physicien.e.s (dont Clara Nellist pour le CNRS) ont présenté leur thème de recherche en 10 minutes. Leur prestation a alors été soumise au vote du public.

 

La course aux grands accélérateurs : quel avenir pour la physique des particules ?

Une table ronde, à laquelle participait Ursula Bassler, directrice adjointe de l'IN2P3, a été spécialement dédiée aux futures installations et aux budgets qui leur sont consacrés. L'Europe (FCC, CLIC), la Chine (CEPC), les États-Unis (LNBF et Dune) et le Japon (ILC et Hyper-K) sont dans la course à la construction de collisionneurs de plus en plus grands et énergiques – et donc de plus en plus coûteux. Pourtant, les physiciens reconnaissent qu'ils sont dans un contexte d'incertitude quant aux prochaines grandes découvertes, ne pouvant prédire ni quand ni comment elles auront lieu.

Dans cette perspective, les budgets dédiés à leur discipline devraient-ils être investis de manière différente ? Devrait-on recentrer les recherches sur des particules fondamentales du modèle standard ? Et comment les futurs résultats du LHC conditionneront-ils le futur de la discipline ? Au-delà de ces questions, cette table ronde a également permis à la jeune génération de physicien.ne.s des hautes énergies d'exposer les questions cruciales concernant son avenir dans la recherche.

Le futur de la discipline aura donc été l'un des grands débats de clôture de cette édition 2016 d'Ichep. Rendez-vous à Séoul en 2018 pour un prochain épisode...

 

Pour en savoir plus

Résultats LHC

Neutrinos

Ondes gravitationnelles

Transfert de technologie

L'avenir de la discipline